Bernard Farcy prend encore du galon

On l’avait quitté général en képi dans « De Gaulle », de Bernard Stora, sur France 2. On ne savait pas qu’il prendrait aussi du galon dans « Taxi ». Et pourtant, Bernard Farcy, alias le commissaire Gibert, ets bien la figure centrale de ce quatrième volet, tourné par Gérard Krawczyk sur un scénario de Luc Besson, et qui sort aujourd’hui sur 850 écrans après avoir été projeté dès vendredi en avant-première dans la cité phocéenne. Dans cette comédie plutôt bien fabriquée, en effet, le producteur-scénariste a laissé le comédien donner libre cours à son talent comique. Compromis entre Louis de Funès et Peter Sellers, FArcy est épatant. Il sait en faire beaucoup sans en faire trop. Sortir le gyrophare sans le pin-pon ! Et lorsqu’il s’exclame, en roulant des pupilles, « Est-ce que je me suis bien fait compris ? », il ne fait que se laisser emporter par son personnage. « Ça m’a échappé, constate-t-il aujourd’hui. Moi, je travaille dans l’immédiateté. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de jouer bien, c’est de ne pas jouer du tout. » Ce jour-là donc à Marseille, Bernard est redevenu Farcy. Deux virgules de cheveux blonds sur les côtés. Son vol a été détourné pour des raisons météo. Il a fini en hélico. Dans l’assiette, l’entrée refroidit mais lui s’échauffe. « Je me demandais bien comment j’allais pouvoir trouver de nouvelles possibilités, de nouvelles facettes. Alors, j’ai fait de Gibert un type un peu plus anxieux. Il est sûr que ça va merder, mais il ne sait pas où, ni comment. C’est la petite nuance. En plus, cette fois, il se rend bien compte qu’il est entouré d’une bande de bras cassés. Ce ne sont pas des prix Nobel ! Ça m’a filé une espèce de survoltage. » N’empêche, son personnage, assure-t-il, n’est pas un crétin. « Le con, c’est Emilien ! (NDLR : l’inspecteur joué par Frédéric Diefenthal). Gibert, lui, est poétiquement infantile. Extrêmement plongé dans son travail, très concentré. Malheureusement, entre les objectifs poursuivis et les résultats obtenus, il y a une déperdition qui est drôle. » Quels repères a-t-on, lorsqu’on joue ça ? « Je vais vous faire une confidence, je ne suis pas très friand de comédies. J’en regarde très peu ! Sans rire, hein ! C’est vrai ! Je crois juste qu’il faut avoir un sens de la dérision. Ne pas avoir peur de faire rire de soi-même. » Pour autant, et il l’a prouvé, Bernard Farcy est à mille lieues de « devenir le spécialiste d’un genre ».

« Changer de registre, c’est ce qui peut arriver de mieux aux acteurs. Ça a été le cas avec De Gaulle. J’ai eu la chance de montrer une tout autre facette et j’attends maintenant la possibilité de la montrer dans d’autres rôles. »

Lesquels ? Farcy avance un pion sur la diagonale du flou. « Il faut un temps de réponse. De gestation. C’est encore frais. De Gaulle a été une surprise pour beaucoup de gens qui m’avaient catalogué acteur comique alors que j’ai fait bien d’autres choses avant. » On lui a proposé du théâtre. Deux pièces. L’une comique, l’autre politique. « J’y réfléchis ». En attendant, le métier de Gibert a du bon. « Les petites bavures que j’ai pu faire dans ma conduite personnelle ont toujours été corrigées avec le sourire.